Au terme d’un travail de consultation de près de 2 ans auprès de plusieurs acteurs du domaine oculovisuel et des autres intervenants œuvrant dans le milieu scolaire, le conseil d’administration de l’Ordre des optométristes a approuvé, lors de sa réunion de décembre dernier, de nouvelles normes cliniques touchant l’examen des personnes qui consultent relativement à un problème d’apprentissage. Il s’agit d’une avancée importante, permettant de mieux encadrer les pratiques optométriques dans ce domaine, dont l’approche fonctionnelle, tout en soutenant la contribution des optométristes dans la réussite scolaire. S’appuyant sur les normes généralement reconnues en cette matière, ces normes cliniques établissent ainsi certaines attentes de l’Ordre en ce qui concerne la pratique clinique de tous les optométristes, et pourront faire l’objet d’un suivi particulier en inspection professionnelle à compter de maintenant.
Il est précisé, dans le cadre de ces normes, que la finalité de l’intervention de l’optométriste est de déterminer si le patient est ou non aux prises avec un problème de fonctionnement des yeux, un problème du système visuel ou un problème de santé oculaire, qui pourrait expliquer, en totalité ou en partie, un problème d’apprentissage. En d’autres termes, il n’appartient pas à l’optométriste de diagnostiquer un problème d’apprentissage ou une dyslexie, son rôle étant uniquement d’identifier la présence d’un problème oculovisuel qui pourrait y contribuer.
Aussi, suivant ces nouvelles normes cliniques, il est attendu de tous les optométristes que soit ajouté à l’histoire de cas de patients d’âge scolaire, une question sur le rendement scolaire et les symptômes éventuels de l’enfant, pouvant permettre d’identifier un problème oculo-visuels reliés aux activités d’apprentissage (difficulté de se concentrer, difficulté à lire longtemps, maux de tête, vision trouble, vision fluctuante, vision double, distance de travail rapprochée, etc.) .
Si l’histoire de cas est positive, l’optométriste doit alors procéder à un examen de base incluant les éléments suivants :
- évaluation des problèmes visuels courants (acuité visuelle et réfraction, sous cycloplégie);
- évaluation de la vision binoculaire (hétérophories, accommodation et convergence);
- évaluation des habiletés visuelles dans l’espace (stéréo, mouvements oculaires, PRC);
- évaluation des habiletés visuelles fonctionnelles (mouvements oculaires-quantitatifs saccades, vergences, fixation loin-près);
- évaluation de la santé oculaire.
L’optométriste pourra, selon son jugement, compléter son évaluation par d’autres tests. Il peut notamment s’agir d’évaluer ou d’apprécier, selon le cas, différentes habiletés visuelles perceptives, à l’aide de tests normalisés, adaptés à l’âge et à la condition du patient. Il s’agit alors d’une approche dite fonctionnelle. Dans ce contexte, l'optométriste doit choisir et utiliser les tests pertinents et proportionnels à son rôle d'évaluation et de traitement des problèmes oculovisuels. Lorsqu’il y a recours, l’optométriste doit être en mesure d’identifier dans son plan d’intervention les objectifs visés des tests complémentaires qu’il effectue, notamment s’ils comportent des éléments psychométriques. Il est important, dans ces cas, de valider avec les autres professionnels, afin que la conduite de ces tests ne compromette pas leur évaluation de l’enfant. Il est alors primordial qu’une approche multidisciplinaire soit favorisée.
Si l’optométriste ne peut procéder lui-même à l’administration de ces tests complémentaires, lorsque requis, il est recommandé qu’il réfère le patient à des collègues qui ont l’expertise dans ce domaine et qui bénéficient d’un soutien multidisciplinaire.
Si un problème oculovisuel est identifié, l’optométriste ne peut initier un traitement que par lentilles ophtalmiques, pharmacologie ou orthoptique, selon les lois en vigueur.
Vous pouvez consulter le texte détaillé des normes cliniques en question dans le Guide d'exercice clinique.