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Les écrans et la vision des jeunes

Les écrans sont présents dans la majorité du quotidien des jeunes. L’utilisation des écrans a non seulement connu une forte augmentation au cours des trois dernières années[i], se situant actuellement à près de 94 % pour les 6 à 17 ans[1], leur utilisation est présente chez des enfants de plus en plus jeunes, et ce, malgré l’émission de recommandations claires de plusieurs organisations de santé publique[ii] visant à encadrer le temps d’écran[2]

L’utilisation du terme « écran » englobe l’ordinateur, les jeux vidéo, la télévision et autres dispositifs mobiles (tablette, téléphone intelligent).

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QUELQUES FAITS

enfant écran

L’utilisation des écrans par les jeunes a un grand impact sur leur santé physique puisqu’elle implique une plus grande sédentarité, un risque accru d’obésité et affecte la durée et la qualité de leur sommeil et ce, tel que documenté par ailleurs dans un récent rapport de l’INSPQ de 2023[3].

 

Impacts au niveau de la santé oculaire des jeunes

  • De plus en plus d’études établissent un lien entre le travail de près et la myopie ainsi que les années de scolarisation et la myopie[4].
  • Un lien clair est aussi établi entre l’utilisation des écrans menant à une plus grande sédentarité et une moins grande exposition à la lumière extérieure du jour des jeunes et la hausse de la myopie[5]
  • La myopie chez les enfants a doublé depuis les 20 dernières années et apparaît de plus en plus tôt[6][7] et l’Organisation mondiale de la santé prévoit qu’elle doublera pour l’ensemble de la population mondiale d’ici 2050[8].
  • La myopie a un impact physiologique. Elle provoque une élongation de l’œil, qui fragilise la rétine et constitue un risque accru de maladies plus tard dans la vie de la personne.
  • Outre la myopie, l’utilisation des écrans a des impacts oculaires en lien avec le syndrome de la vision sur écran digital, soit notamment[9]
  1. Fatigue oculaire pouvant être reliée à un problème de coordination des yeux, d’accommodation ou à un problème réfractif de vision non ou mal corrigé.
  2. Yeux secs avec brûlement, irritation, larmoiement, vision floue ou dédoublée.
  3. Maux de tête.

 

Rôle de l’optométriste

  • Lors de l’examen oculovisuel, l’optométriste effectue son histoire de cas auprès des jeunes patients et profite de l’occasion pour les sensibiliser et leurs parents. 
  • Différents traitements pour ralentir la progression de la myopie chez les jeunes sont possibles, notamment par l’utilisation de certains types de lentilles ophtalmiques ou cornéennes souples multifocales ou rigides (orthokératologie) ou encore de médicaments (atropine)[10]

 

ENJEUX

Un enjeu majeur au niveau de ce changement de mode de vie, plus précisément quant à l’augmentation du temps d’écran et la diminution du temps à l’extérieur, est le risque accru de myopie chez les jeunes, et ce, notamment en raison du fait :

  • Qu’une myopie non corrigée chez les jeunes enfants peut entraîner une déficience visuelle
  • Qu’une myopie élevée, en particulier chez les jeunes, augmente à long terme le développement de conditions graves sur la santé oculaire. Augmentation des risques de cécité à compter de 60 ans, mais aussi de complications au niveau de la santé oculaire (glaucome, cataractes, dégénérescence maculaire précoce, fragilisation et décollement de la rétine, etc.) [11]

Groupes les plus vulnérables

Chez l’enfant, le développement du système visuel se produit principalement avant l’âge de 10-12 ans, il s’agit d’une période critique de sa maturation.

Un stress visuel important peut se développer suite à l’utilisation d’écrans sur une longue période causant un nouveau symptôme ou augmentant un problème déjà existant.

Par ailleurs, selon une récente étude réalisée pendant la pandémie[iii] [12], le groupe d’âge le plus affecté au niveau visuel par la hausse de l’utilisation des écrans était les jeunes d’âge scolaire de 6 à 8 ans.

Bien que les données recueillies en période pandémique ne puissent fournir qu’un portrait temporaire de la situation réelle, la COVID-19 et les habitudes de vie qu’elle a suscitées sont l’occasion d’un laboratoire accéléré de l’impact d’une utilisation accrue des écrans. Dans cette étude, la prévalence de la myopie est d’environ 3 fois plus élevée en 2020 qu’auparavant pour les enfants de 6 ans, 2 fois plus élevée pour les enfants de 7 ans et 1,4 fois plus élevée pour ceux de 8 ans[iv].

RECOMMANDATIONS

recommandations

Il est important de non seulement limiter le temps d’écran, mais de le faire au profit de l’incitation à des activités extérieures.

Les activités extérieures et l’exposition à la lumière naturelle sont des facteurs de protection connus contre l’apparition de la myopie et, dans une certaine mesure, sur la progression de la myopie

 

Recommandations générales

  • 0 à 2 ans : Aucune exposition des enfants aux écrans, à l’exception ponctuelle de visioconférence avec des parents ou grands-parents et ce, sous supervision directe d’un adulte.
  • 2 à 5 ans : Une exposition d’une heure par jour au maximum. Les activités doivent favoriser le développement de l’enfant et il doit y avoir une interaction avec les parents et leur supervision.
  • 5 à 18 ans : Une exposition à des fins récréatives d’au plus 2 heures par jour (temps de loisir, non relié aux études)[14].

Outre les recommandations en termes d’encadrement du temps d’écran, d’autres précautions sont de mises lors de leur utilisation

  • Observer une pause toutes les 30 minutes, idéalement, impliquant de bouger et d’activer tout le corps. Il est recommandé de respecter la règle du 30-30-30, soit effectuer une pause de 30 secondes, toutes les 30 minutes en regardant au loin à plus de 30 mètres.
  • Le poste de travail doit être ajusté ergonomiquement (hauteur, position de l’écran et du clavier, etc.). Lors du travail au près (lecture, écriture, dessin) et de l’utilisation des tablettes ou autres écrans, s’assurer d’être à une distance équivalente à la longueur de l’avant-bras. On doit aussi veiller à utiliser un bon éclairage.
  • Éviter l’usage des écrans 1 heure avant d’aller dormir compte tenu des impacts de la lumière bleue sur la production de mélatonine qui nuit au sommeil[15].
  • Passer beaucoup de temps à l’extérieur. L’activité extérieure donne aux yeux ce dont ils ont besoin, une vision à distance, panoramique, sans délaisser les observations rapprochées. Il est maintenant bien documenté que passer du temps à l’extérieur à la lumière du jour aide à ralentir, voire prévenir la progression de la myopie chez les enfants[16].
  • Ne pas regarder d’écran dans le noir; s’assurer d’avoir un éclairage adéquat.
  • Consulter l’optométriste annuellement pour votre enfant ou pour tout inquiétude ou problème relatif à la vision. Les enfants ignorent souvent les signes d’inconfort visuel et se plaignent rarement de symptômes liés à une vision floue[17].

 

Dépistage des problèmes visuels chez les jeunes

Lorsqu’aucun signe manifeste de problèmes particuliers n’est observé, il est recommandé de faire examiner la vision d’un enfant selon le calendrier suivant :

  • Vers l’âge de 6 mois (en cas de soupçon ou inquiétude)
  • Vers l’âge de 3 ans
  • Avant l’entrée à l’école (4-5 ans)
  • Chaque année, de 6 à 18 ans

Toutefois, si l’enfant présente une condition visuelle particulière ou à risque, les suivis pourraient être faits plus régulièrement et des tests plus approfondis pourraient être requis.

 

Signes à surveiller

  • Plisse les yeux pour voir ou a de la difficulté à voir au tableau
  • A des maux de tête fréquents
  • Lit de trop près
  • Se fatigue rapidement à la lecture, confond certaines lettres, perd sa place en lisant, suit les mots avec son doigt
  • Se plaint de voir double ou se ferme un œil fréquemment
  • A un œil qui louche
  • Cligne souvent des yeux
  • Place sa tête dans une position anormale lors de tâches visuelles
  • A les yeux rouges, qui larmoient, piquent ou brûlent
  • A des difficultés d’apprentissage ou retards de développement

Couverture des soins au Québec

  • L’examen oculovisuel de l’enfant de moins de 18 ans par l’optométriste est couvert par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ).
  • Depuis avril 2023, les moins de 18 ans bénéficient de 300 $ pour l’achat de lunettes et lentilles, et ce, tous les 2 ans. Le montant est remboursé par la Régie de l’assurance maladie du Québec. Au cours des 2 dernières années, près de 200 000 enfants ont bénéficié de ce remboursement (voir programme RAMQ: Mieux voir pour réussir).

Notes


[i] Voir l’évolution de l’usage des appareils électroniques chez les jeunes de 6 à 17 ans de 2020 à 2023 de l’Enquête NETendances 2023 : Famille numérique, Académie de la transformation numérique, vol. 14, no 5, 2023, p. 8.

[ii] Selon une récente métanalyse de 2022 portant sur le taux d’adhérence au niveau mondial aux recommandations en matière d’encadrement du temps d’écran chez les enfants de 5 ans et moins, peu d’enfants respecteraient les limites fixées notamment par l’Organisation mondiale de la santé, mais ce sont surtout les enfants de 0 à 2 ans qui seraient les plus visés alors qu’ils passeraient environ 25 % de leur temps d’éveil sur des écrans alors que la recommandation est d’aucune exposition. Brae Anne McArthur, et al., Global Prevalence of Meeting Screen Time Guidelines Among Children 5 Years and Younger: A Systematic Review and Meta-analysis, JAMA Pediatrics, 2022;176 (4), p. 374.

[iii] Pour les fins de l’étude, le groupe a été soumis à des heures quotidiennes d’enseignement à distance, soit d’une heure pour les grades 1 et 2 et de 2,5 heures pour les grades 3 à 6. Au cours de la période couverte par l’étude, la durée des activités intérieures et le temps passé devant les écrans des enfants ont donc augmenté et la durée des activités extérieures a été réduite considérablement. Jiaxing Wang et coll., Idem (voir référence 14). 

[iv] Une augmentation aussi substantielle de la prévalence de la myopie n’a pas été observée pour les groupes d’âge de 9 à 13 ans, malgré le fait que ce groupe a été soumis quotidiennement à plus d’heures d’enseignement à distance (2,5 heures) par rapport aux élèves plus jeunes (grades 1-2, 1 heure par jour). Voir Tableau 2, Jiaxing Wang et coll., Idem (voir référence 14).
 

 

RÉFÉRENCES


[1] Académie de la transformation numérique, Enquête NETendances 2023 : famille numérique, vol. 14, no 5, 2023, p. 6-7. 

[2] Brae Anne McArthur, PhD, RPsych; Valeriya Volkova, BSc; Suzy Tomopoulos, MD; Sheri Madigan, PhD, RPsych, Global Prevalence of Meeting Screen Time Guidelines Among Children 5 Years and Younger: A Systematic Review and Meta-analysis, JAMA Pediatrics, 2022;176 (4), pp.373–383.

[4] Hsiu-Mei Huang, Dolly Shuo-Teh Chang et Pei-Chang Wu, The Association between Near Work Activities and Myopia in Children- A Systematic Review and Meta-Analysis, Plos One, 10(10): e0140419. doi:10.1371/ journal.pone.0140419.

[5] Zhiqiang Zong, Yaxin Zhang, Jianchao Qiao, Yuan Tian et Shaojun Xu, The association between screen time exposure and myopia in children and adolescents: a meta-analysis, BMC Public Health (2024) 24:1625.

[6] S. Vitale, R.D. Sperduto et F.L. Ferris, Increased prevalence of myopia in the United States between 1971–1972 and 1999–2004, Archives of Ophthalmology, 2009, 127 (12): pp.1632-39.

[7] American Academy of Ophthalmology, Nearly 10 Million Adults Found to Be Severely Nearsighted in the United States, [En ligne], Juin 2016, [Consulté 13 septembre 2024] Disponible : https://www.aao.org/newsroom/news-releases/detail/ten-million-severely-nearsighted-united-states

[9] Jameel Rizwana Hussaindeen, Aparna Gopalakrishnan, Viswanathan Sivaraman et Meenakshi Swaminathan. Managing the myopia epidemic and digital eye strain post COVID-19 pandemic – What eye care practitioners need to know and implement? Indian Journal of Ophthalmology, Août 2020; 68(8): pp.1710–1712.

[10] Pauline KangOptical and pharmacological strategies of myopia control. Clinical and Experimental Optometry, [En ligne], Février 2018, [Consulté le 13 septembre 2024], Disponible : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/cxo.12666. 

[12] Jiaxing Wang; Ying Li, David C. Musch, NanWei, Xiaoli Qi, Gang Ding, Xue Li, Jing Li, Linlin Song, Ying Zhang, Yuxian Ning, Xiaoyu Zeng, Ning Hua, Shuo Li et Xuehan Qian, Progression of Myopia in School-Aged Children After COVID-19 Home Confinement. JAMA Ophthalmology, [En ligne], 14 janvier 2021, [Consulté le 13 septembre 2024], Disponiblehttps://jamanetwork.com/journals/jamaophthalmology/fullarticle/2774808.

[13] Ju-Xiang Jin, Wen-Juan Hua, Xuan Jiang, Xiao-Yan Wu, Ji-Wen Yang, Guo-Peng Gao, Yun Fang, Chen-Lu Pei, Song Wang, Jie-Zheng Zhang, Li-Ming Tao et Fang-Biao Tao, Effect of outdoor activity on myopia onset and progression in school-aged children in northeast China: the Sujiatun eye care study, BMC Ophthalmology, 2015 15:73.

[14] American Academy of Pediatrics, Media Use in School-Aged Children and Adolescents. Pediatrics. 2016; 138 (5). doi: 10.1542/Peds, pp. 2016–2592.

[15] Salti R., Tarquini R., Stagi S., et al. Age-dependent association of exposure to television screen with children’s urinary melatonin excretion? Neuroendocrinol Lett. 2006; 27 (1–2), pp.73–80.

[16] American Academy of Ophthalmology, Prescription for Keeping Children Out of Glasses: Sunshine, [En ligne], Janvier 2024, [Consulté 13 septembre 2024] Disponible : https://www.aao.org/eye-health/news/prevent-childhood-myopia-sunshine-outdoors

[17] Hu L., Yan Z., Ye T., Lu F., Xu P.et Chen H., Differences in children and adolescents' ability of reporting two CVS-related visual problems. Ergonomics. 2013; 56,  pp.1546-57.

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