Trouver un optométriste optométriste

De nouvelles obligations pour les cabinets optométriques

Réformes législatives concernant les renseignements personnels

DES NOUVELLES OBLIGATIONS POUR LES CABINETS OPTOMÉTRIQUES

Au Québec, comme ailleurs dans le monde, la protection des renseignements personnels est devenue un enjeu très sensible et les gouvernements ont décidé d’intervenir afin de resserrer les lois applicables en la matière. Dans le contexte des préoccupations croissantes des citoyens à ce sujet, l’objectif principal est non seulement d’éviter les utilisations inadéquates de ces renseignements et de réduire les risques de fuites de données, mais aussi de faire en sorte que, si elles se produisent malgré tout, les mesures adéquates soient prises afin d’en atténuer les conséquences.

En fonction de ces objectifs, le législateur québécois a donc adopté la Loi 25 (projet de loi 64) en 2021, dont les dispositions s'appliquent aux cabinets optométriques et autres organisations du secteur privé, puisqu’elles modifient notamment la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé. .

Voici un aperçu des principales modifications découlant de la Loi 25, qui entreront en vigueur au cours des trois prochaines années et pour lesquelles les optométristes devraient se préparer :

Principales obligations découlant de la Loi 25 
applicables aux cabinets optométriques

À compter du 22 septembre 2022

 

Personne responsable au sein du cabinet

Obligation pour la personne ayant la plus haute autorité au sein du cabinet (si le cabinet est exploité par une société par actions, il pourrait s’agir du président du conseil d’administration) d’exercer la fonction de responsable de la protection des renseignements personnels ou de la déléguer par écrit à une autre personne. Il faut publier les coordonnées du responsable, sur le site Internet du cabinet notamment.

Incident de confidentialité

Obligation d’aviser la Commission d’accès à l’information (CAI) et la personne concernée de tout incident de confidentialité impliquant un renseignement personnel présentant un risque sérieux de préjudice et de tenir un registre devant être fourni à la CAI sur demande.

Voir la fiche développée par la CAI à ce sujet.

Communication sans consentement de la personne concernée

Nouvel encadrement de la communication de renseignements personnels sans le consentement de la personne concernée, à des fins d’étude, de recherche ou de production de statistiques ou dans le cadre d’une opération commerciale.

À noter toutefois que dans le cas des patients, il faut tenir compte de l’obligation au secret professionnel. Pour les fins indiquées, il y aurait donc lieu d’anonymiser les renseignements en question avant de les communiquer.

Caractéristiques ou mesures biométriques

Selon la CAI, les mesures ou caractéristiques biométriques peuvent notamment concerner la « la rétine et l’iris de l’œil », donc par exemple, les photos rétiniennes des patients, qui sont ainsi des renseignements personnels et qui sont susceptibles d’être protégés par le secret professionnel.

Compte tenu du caractère sensible de ces renseignements, il y a des règles particulières à ce sujet qui sont rehaussées par la Loi 25, soit notamment lorsqu’ils sont utilisés à des fins de vérification ou de confirmation d’identité, ce qui requiert un avis à la CAI et l’autorisation de la personne concernée.

À compter du 22 septembre 2023

 

Adoption et diffusion de politiques

Obligation du cabinet de mettre en œuvre des politiques et des pratiques encadrant la gouvernance des renseignements personnels et de publier des informations détaillées au sujet de celles-ci.

Transparence

Nouvelles obligations de transparence, comme celles :

  • de publier une politique de confidentialité rédigée en des termes simples et clairs si vous recueillez par un moyen technologique des renseignements personnels et d’aviser les personnes concernées de ses mises à jour;
  • d’informer la personne lors du recours à une technologie d’identification, de localisation ou de profilage et des moyens offerts pour activer ces fonctions.

Évaluation à réaliser avant certains projets

Obligation de réaliser une évaluation des facteurs relatifs à la vie privée dans certaines situations, comme lors d’un projet d’acquisition, de développement et de refonte d’un système d’information ou de prestation électronique de services impliquant la collecte, l’utilisation, la communication, la conservation ou la destruction de renseignements personnels ou encore, avant de communiquer à l’extérieur du Québec un renseignement personnel.

Voir le guide produit par la CAI à ce sujet.

Décision rendue sur la base d’un traitement automatisé

Obligation d’informer les personnes concernées avant que soit rendue une décision fondée exclusivement sur un traitement automatisé et de leur laisser la possibilité de faire valoir leurs observations auprès d’une personne du cabinet pour obtenir une révision de la décision.

Il faut toutefois noter ici que, de façon générale, sur le plan déontologique, la pratique optométrique ne devrait pas conduire à ce qu’une décision (prescription d’un traitement par exemple) se fonde exclusivement sur un traitement automatisé de données. L’optométriste doit lui-même traiter les données obtenues à l’aide d’un instrument automatisé suivant son jugement professionnel avant de rendre une décision concernant un patient.

Consentement

Nouvelles règles entourant le consentement pour la collecte et les diverses utilisations de renseignements personnels, qui doit être demandé à des fins spécifiques, en des termes simples et clairs, etc.

Il faut donc se méfier des demandes de consentement formulées en des termes trop généraux auprès des patients ou du personnel ou encore, des documents rédigés de manière trop complexe.

Mineur de moins de 14 ans

Nouvelles conditions entourant la collecte de renseignements personnels auprès d’un mineur de moins de 14 ans, qui exige le consentement du titulaire de l’autorité parentale ou du tuteur, sauf lorsque cette collecte est manifestement au bénéfice de ce mineur.

On note toutefois que dans le cas de la prestation de services optométriques à un mineur de moins de 14 ans, l’exigence du consentement du titulaire de l’autorité parentale ou du tuteur est déjà généralement incontournable au plan déontologique.

Processus de deuil

Il sera possible de communiquer au conjoint ou à un proche parent d’une personne décédée un renseignement personnel que le cabinet détient concernant cette personne, si la connaissance de ce renseignement est susceptible d’aider le requérant dans son processus de deuil et que la personne décédée n’a pas consigné par écrit son refus d’accorder ce droit d’accès.

À noter toutefois que dans le cas des patients, il faut également tenir compte de l’obligation au secret professionnel.

Sanctions

En cas d’infraction à la loi, la CAI aura le pouvoir d’imposer des sanctions administratives pécuniaires. À titre d’exemple, ces sanctions pourraient atteindre 2 % du chiffre d’affaires ou 10 millions de dollars. Il faut noter toutefois que, selon les circonstances, il pourrait être possible de s’engager auprès de la CAI à prendre les mesures nécessaires pour remédier à l’infraction ou en atténuer les conséquences. Avec l’approbation de la CAI et selon les conditions qu’elle peut fixer, il pourrait alors être possible d’échapper aux sanctions administratives. Un cadre général d’application des sanctions administratives pécuniaires sera éventuellement rendu public par la CAI.

À compter du 22 septembre 2024

 

Portabilité des renseignements

Droit à la portabilité des renseignements personnels, dans un format technologique structuré et couramment utilisé, soit un format que des applications logicielles d’usage courant peuvent facilement reconnaître et avec lesquelles il est possible d’extraire les informations qui y sont contenues.

Il peut par exemple s’agir des formats Word (docx ou doc) ou PDF pour les documents textes ou du format JPEG (jpg) pour les images. À moins que cela ne soulève des difficultés pratiques sérieuses, un patient pourrait donc exiger que son dossier lui soit communiqué suivant l’un de ses formats, pour qu’il puisse le consulter avec le logiciel de son choix.

Pour en savoir plus sur la Loi 25

Voir notamment les informations diffusées par la Commission d’accès à l’information.

Il peut également y avoir lieu de consulter des professionnels et des experts en matière juridique, de technologie de l’information, de gestion documentaire, etc., pour s’assurer que les processus mis en place dans votre cabinet sont conformes.

Obligations déontologiques et réglementaires spécifiques aux optométristes

En plus des obligations prévues par la Loi sur le secteur privé, telles que modifiées par la Loi 25, les optométristes doivent respecter leurs obligations professionnelles en matière de tenue de dossier et de secret professionnel, notamment celles prévues par le Code de déontologie des optométristes et par le Règlement sur la tenue du dossier optométrique.


À noter que la Loi 25 modifie également la loi applicable dans le secteur public et concerne donc notamment les milieux universitaires et les centres de réadaptation dans lesquels exercent certains optométristes. Dans ces cas toutefois, il y a généralement des responsables désignés pour mettre en œuvre les nouvelles mesures exigées. Les optométristes qui exercent dans ces milieux peuvent prendre contact avec ces responsables pour avoir plus d'informations à ce sujet.


Projet de loi 19
Une autre réforme à venir dans le domaine de la santé?

Les développements technologiques actuels et à venir devraient permettre un partage de données plus efficace entre les différents intervenants du système de santé, afin d’assurer une meilleure réponse aux besoins des patients. Aussi, en lien avec les difficultés vécues au cours des dernières années, l’État québécois cherche à disposer d’un plus grand éventail de données pertinentes pour assurer une meilleure gouvernance du système de santé, tout en permettant qu’un cadre bien balisé soit instauré pour faciliter l’accès à ces mêmes données pour la recherche scientifique, afin de soutenir l’innovation.

Tels sont les principaux objectifs du projet de loi 19, présenté par le ministre de la Santé et des Services sociaux en décembre 2021. Pour l’essentiel, ce projet de loi devrait s’appliquer à l’ensemble des professionnels de la santé, qu’ils soient dans le secteur public ou privé. Cette nouvelle loi écarterait ainsi le régime actuel qui s’avère particulièrement complexe en raison de la multiplication des lois et règlements applicables. Les optométristes seraient donc soumis à cette nouvelle loi, ce qui devrait leur faciliter l’accès au Dossier santé Québec (DSQ) ou à son équivalent à venir (voir le texte précédent à ce sujet).

Or, au moment où ces lignes sont écrites, le projet de loi 19 n’est toujours pas adopté et, suivant les indications des autorités gouvernementales, il est difficile d’anticiper à quel moment il le sera. Il est donc possible que les cabinets d’optométristes, comme les autres cabinets privés de professionnels de la santé, restent soumis aux lois actuelles, telles que modifiées par la Loi 25, pendant une période indéterminée.

Ceci dit, on peut penser que pour une bonne part, les mesures mises en place sous les lois actuelles, comme celles exigées par la Loi 25, devraient demeurer pertinentes même si une autre réforme comme celle découlant du projet de loi 19 intervenait éventuellement.

L’Ordre informera ses membres des développements à venir à ce sujet.

Trouver un optométriste optométriste